histoire du magne

Le Magne ou Mani (en grec : Μάνη) est une péninsule grecque située au sud du Péloponnèse entre le golfe de Méssenie à l'ouest et le golfe de Laconie à l'est. Le Magne correspond au prolongement vers le sud des Monts du Taygète, jusqu'au Ténare, qui forme sa pointe méridionale. Il est bordé au nord-est par la ville de Kalamata et ses deux principales localités sont Aeroplis et Gythio. Les habitants du Magne sont les Maniotes.

Le Magne est une région aride et montagneuse. Les hivers sont relativement froids et les étés très chauds et secs. La partie sud du Magne (Magne interne et Magne supérieur) est la partie la plus aride de la péninsule. Naturellement, les arbres y sont rares, le sol y est pauvre et le rocher est souvent à nu. La majorité de la végétation est constituée de petits buissons, de quelques chênes et de cultures d’oliviers. Cette aridité s'explique en partie par la géologie du sous-sol, presque uniquement constitué par du marbre gris-blanc, dit marbre maniote, d'âges Crétacé à Éocène.

Histoire

Préhistoire :

Le Magne est occupé dès la période du Paléolithique moyen (Moustérien) et les fouilles effectuées dans les sites archéologiques de Kalamakia (Καλαμάκια) et de Lakonis (Λακωνίς) situés respectivement près des villes d’Aéropolis de Gythio montrent une occupation par les hommes de Néandertal à partir de 100 000 ans avant notre ère. Par ailleurs deux crânes ont été découverts dans la grotte Apidima (Απήδημα) près d’Aéropolis, mais leur attribution à des hommes de Néandertal est incertaine. Le Magne a sans doute aussi été occupé lors du Paléolithique supérieur du mais il n'y en a pas encore eu de fouilles pour cette période.

En revanche l'occupation du Magne lors du Néolithique est mieux connue notamment grâce aux fouilles effectuées dans la grotte d’Alépotripa (Αλεπότρυπα) à Diros (Διρος). Ces fouilles ont montré que dès cette période (-4500 à -2700)  il existait des échanges de matière première (obsidienne) le Magne et certaines îles de la mer Égée

Antiquité :

La péninsule a continué d'être occupée durant l’Helladique ancien et moyen (-3000 à -1500) puis le Magne a subi l'influence de la civilisation mycénienne (-1600 à -1100). À la fin de cette période Homère cite dans entre autres, les villes de  Οίτυλο (Itylo) et de Kardamyli qui ont gardé leur nom jusqu'à nos jours.

Les Doriens se sont installés durant le XII siècle av. J.-C. puis la péninsule a fait partie de la sphère d'influence de la cité-État de Sparte au même titre que le reste de la Laconie. La ville de Gythio devenant le principal port de Sparte. À la chute de Sparte au IIIe siècle la Laconie - Magne compris - connut une courte autonomie avant de tomber sous l'influence romaine à partir du IIe siècle sous le nom de la Ligue des Lacédémoniens libres.

Moyen Âge :

Après la disparition de l’Empire romain d’Occident en 476 l'influence de l’Empire byzantin diminua peu à peu lors de la première moitié du Moyen Âge et de fait la péninsule se retrouva isolée politiquement de vers le VIIe siècle - VIIIe siècle du fait de raids de pirates arabes et de l'arrivée et l'installation dans le Péloponnèse de tribus slaves et albanaises. Ces derniers ont probablement apporté avec eux une structure sociale clanique contrôlée par quelques grandes familles et qui s'est implanté surtout dans le sud du Magne.

Entre le IXe siècle et le XIIe siècle l'empire byzantin reprit le contrôle du Magne et entreprit la christianisation de la région. Christianisation qui n'est vraiment attestée qu'à partir du IXe siècle bien que quelques chapelles datent du Ve siècle. La région est resté longtemps une enclave du culte hellénique, profitant jusqu'alors de son isolement et de son éloignement de Constantinople.

Cette influence byzantine perdurera jusqu'au pillage de Constantinople lors de la quatrième croisade en 1204. La péninsule tomba alors sous le contrôle des chevaliers vénitiens et français (tous appelés Francs par les grecs) qui y construisent trois châteaux forts pour y affirmer leur contrôle : Passava, Lefktrou et le Grand Magne (Megali Maini). le Magne fut alors une des douze baronnies de la Principauté de Morée.

En 1259 Guillaume II de Villehardouin, chef des chevaliers, fut battu près de Pélagonia et le château du Magne et ceux de Monemvasia et de Mistra revinrent alors sous le contrôle byzantin jusqu'à la chute de Constantinople en 1453. Durant cette période le Magne dépendait alors du Despotat de Morée, subdivision de l'Empire byzantin.

Le Despotat survécut de peu à Byzance jusqu'à la conquête turque du Péloponnèse central en 1460 par Mehmed II. Néanmoins le Magne ne fut pas conquis et obtins une autonomie locale en échange d'un tribut annuel au même titre que d'autres régions montagneuse du Péloponnèse. Peu après, de 1463 à 1479, la famille ou clan Kladas s'allia avec les vénitiens dans leur guerre contre les turcs.

De fait le Magne avait acquis une importance stratégique et cette résistance continua ensuite profitant de la perpétuelle guerre entre turcs et vénitiens ce qui permit à la région de rester relativement indépendante durant le XVIe siècle. Durant cette période, les maniotes, profitant des nombreuses baies de leurs côtes organisèrent une véritable industrie de la piraterie pillant principalement les vaisseaux turcs. C'est aussi aussi durant cette période que débute l'architecture spécifique des maisons du Magne sous forme de tours fortifiées.

Période ottomane :

En 1665, les Turcs prirent le contrôle définitif de la Crète en en chassant l'allié vénitien. Puis ce fut le tour vers 1669 de la région de Vardounia. Ils choisirent alors pour gouverneur le pirate local Liberakis Yerakaris. Cette occupation partielle du Magne par les Turcs induit alors une vague de réfugiés qui vinrent s'installer dans le Magne interne du fait de sa relative indépendance de fait. Cet afflux massif de réfugiés dans une contrée aux ressources limités déstabilisa la région et il s'ensuivit une ère de vendetta entre les clans. C'est à cette époque que quelques familles décidèrent de partir du Magne pour s'installer sur les îles ioniennes mais aussi en Italie et en Corse, y apportant coutumes, architecture, orthodoxie et langue grecque. Un village entier du Magne, Οίτυλο ( Itylo ) est venu se placer sous la protection de la République de Gênes qui l'installa en Corse en lui attribuant des terres et en construisant le village de Paomia. Lors de la « révolution corse » de 1729, les habitants de Paomia furent chassés par les Corses de Vico et se réfugièrent à Ajaccio. En 1773, Marbeuf, gouverneur de la Corse, fit construire pour eux par le génie militaire la ville corse de Cargèse.

Cet état de vendetta permanent entre familles perdura durant tout le XVIIe siècle et la première moitié du XVIIIe siècle ce qui a contribué à maintenir et développer l'architecture typique de la région. Pendant ce temps, l'empire ottoman contrôlait les places fortes du nord de la région alors que Venise garda un temps son influence surtout dans le Magne externe où ils y reconnurent des chefs locaux en tant qu'interlocuteurs : les kapetani. Venise fut finalement chassée par les Turcs, et en 1715, le Magne dû de nouveau payer tribut et rester neutre. Il semble toutefois que durant cette période l'occupation turque était symbolique sauf dans la région de Vardounia. En échange de faibles taxes, le contrôle de fait de la région était laissé aux kapetani et chefs de clans.

En 1770, Catherine II de Russie, en guerre contre l'empire ottoman envoya des forces dans le Magne dirigées par les frères Alexeï et Grigori Orlov (voir l'article Révolution d'Orloff). Ces derniers rencontrèrent l'influente famille kapetani Mavromichalis (Μαυρομιχάλης) près d'Aréopolis. Une attaque combinée contre les Turcs fut décidée, mais ce fut un relatif échec suivi d'un départ des Russes et d'un retour au Statu Quo. Mais cet épisode contribua à augmenter l'influence et le prestige de la famille Mavromichalis dans le Magne. C'est peu après, en 1776, que l'empire décida de mettre en place le système des Beys rendant responsable un des kapetani de la collecte du tribut annuel et des actes des maniotes. Néanmoins, ce dernier gardait une grande indépendance d'action.

L’indépendance :

Entre 1776 et 1821 l'empire ottoman laissa le contrôle du Magne aux Beys successifs mais cela n'empêchait nullement piraterie, vendetta et rébellion anti-turque. Le dernier Bey fut Petros Mavromichalis qui s'allia avec d'autres leaders nationalistes grecs au seins de la société secrète Filiki Eteria puis déclara l'indépendance de la Grèce le 17 mars 1821 à Aréopolis. Les maniotes participèrent activement à l'indépendance de la Grèce au cri de la « la victoire ou la mort ». Leurs principaux faits d'armes étant la prise de Kalamata le 23 mars suivie le 1er août de la prise de la forteresse de Monemvasia associés aux tsakoniens.

Texte recueilli sur Wikipedia : http://fr.wikipedia.org/wiki/Magne_(Gr%C3%A8ce)

 Source :

 

histoire des greco-corses

Au XVIIème siècle, la Sérénissime installa à Paomia, sur la côte occidentale de l’île, une colonie de Grecs originaires du Péloponnèse fuyant la domination ottomane. Fidèles soutient de la République, ils furent en butte à l’hostilité ouverte des Insulaires et durent se réfugier à Ajaccio ; la conquête française leur permit de se réinstaller non plus à Paomia mais à Cargèse (1775), dont ils furent chassés en 1793 avant de revenir définitivement en 1811. Leurs descendants s’y trouvent toujours ainsi qu’en attestent les patronymes corsisés de Frimigacci, Garidacci ou Stephanopoli ; par contre la pratique de la langue grecque disparut probablement au tout début des années 1970

{Extraits de : Histoire et mémoires des immigrations en région Corse. Synthèse du rapport final - avril 2008 (Jean-Michel Géa, Didier Rey, Pierre Bertoncini, Vannina Marchini, Marco Ambroselli, Yannick Solinas - Responsable scientifique : Ph. Pesteil - Université de Corse Pascal Paoli - Avenue Jean Nicoli - 20250 Corte)}

http://barthes.ens.fr/clio/acsehmr/

CHRONOLOGIE

Les ancêtres des Grecs de Cargèse étaient des Maïnotes originaires de Itylo ou Oitylo (Laconie.) Pour fuir le joug Ottoman, 800 Grecs décidèrent de s'expatrier.

1663: Des pourparlers conduits par Mgr Partenios Calcandis, Evêque de Itylo, avec le gouvernement de Gènes devaient durer 12 ans. Le dit gouvernement concédait aux émigrants en Corse, le territoire de PAOMIA, à quelques 50 kilomètres d'Ajaccio. Cette concession était accordée contre une faible redevance à la condition que les Grecs reconnaissent la suprématie du Pape.

1665 : Les pourparlers étant assez avancés, le 25 juin, Mgr Calcandis qui devait, avec 6 moines et prêtres, accompagner les Grecs en Corse, remercie le gouvernement de Gènes.

1675 : La Commission des Stephanopoli étant revenue satisfaite du territoire concédé à Paomia, la signature d'un contrat eut lieu en 1675, le 25 septembre, avec le capitaine Daniel, du vaisseau "sauveur", qui devait en 10 jours rendre les 800 émigrants soit à Livourne, soit à Gènes, pour le prix de 5 réaux (valeur du réal: 0,0382 €) payables à destination. L'embarquement eut lieu dans la nuit du 3 au 4 octobre 1675, mais le "sauveur" ne mouilla devant Gènes que le 1er janvier 1676. Sur 800 émigrants, 120 moururent pendant la traversée.

1676 : Le 13 février, interrogatoire de Mgr Parthenius par les autorités génoises qui désiraient connaître les causes de leur exil. Avant le départ pour la Corse, lesdites autorités "italianisèrent" les noms * (cliquez pour voir liste des patronymes). Le 14 mars, 3 galères génoises abordèrent en un point imprécisé qui devait être à la hauteur de Paomia. II semblerait qu'il s'agisse de la petite baie "dei Monachi" (des moines) aujourd'hui Baie des Forni. PAOMIA, tire son nom de l'italien "pavone" (Paon). PAOMIA comprenait 5 hameaux: Pancone, Corone, Rondolino, Salici et Monte-Rosso, qui furent construits par les Grecs en un an.

1678 : Achèvement à Rondolino de l'église principale Notre Dame de l'Assomption (fête patronale le 15 Août). Par un labeur acharné, les Grecs transformèrent la contrée qui fut la mieux cultivée et la plus riche du pays alentour. Pendant une cinquantaine d'années, ils vécurent en bonne intelligence avec leurs voisins corses.

1729 : Révolte générale des Corses contre les Génois.Les Grecs refusent de se battre contre leurs bienfaiteurs. Considérés comme partisans des Génois, leurs propriétés de Paomia furent saccagées et pillées.L'année suivante, les Corses s'en prirent aux habitants qui luttèrent victorieusement. Cependant, les Génois ne pouvant leur venir en aide, leur conseillèrent de rejoindre Ajaccio par mer en laissant sur place une cinquantaine des leurs pour couvrir la cité. Ce détachement dut se replier à pied jusqu'à la pointe extrême de la presqu'île d'Ominia où il se réfugia dans la tour génoise. A bout de vivres, il put, à la faveur d'une sortie de nuit, se frayer, de vive force, un chemin vers Ajaccio qu'il atteignit vers la fin du mois d'avril 1731.

1731/74 : Pendant ces 43 années, les Grecs demeurèrent à Ajaccio.

1768 : 1er juin : Les troupes génoises amènent leurs drapeaux que remplace aussitôt, sur la citadelle d'Ajaccio, le drapeau du Roi de France. Les Grecs formèrent alors un régiment que le Comte de Marbeuf incorpora dans ses troupes.

1774 : Par l'entremise du Comte de Marbeuf, les Grecs obtiennent le territoire de Cargèse en compensation de la perte de Paomia. A la demande du Comte, Georges Stephanopoli (surnommé Capitan Giorgio) réussit en partie, à faire accepter cette proposition. Le Comte de Marbeuf y fit construire, par le Génie, 120 maisons, toutes de même type à 250 mètres de la mer. Le comte qui est fait Marquis de Cargèse fit également construire un château.

1793 : La révolution s'abat sur l'Ile. Le château de Marbeuf est rasé par les Jacobins de Vico, mais le village ne subit ni déprédations, ni sévices irréparables.Les hommes, qui se sont retranchés dans les deux tours de part et d'autre de la petite baie du Pero, sont autorisés à regagner Ajaccio avec femmes et enfants. De nouveau, les Grecs demeurent à Ajaccio pendant 4 ans. Ils sont ramenés à Cargèse sur l'ordre du Directoire par le général Casabianca; les deux tiers des Grecs consentent à revenir (800 environ), les autres préfèrent rester à Ajaccio ou se rendre sur le continent.

1804 : A cette époque, Cargèse compte 1000 habitants dont 350 environ sont corses. Cette intégration permet au village de vivre à jamais en paix.

1808 : Cargèse devient le centre de l'armée de secours. Une caserne y est construite qui peut loger 400 à 500 soldats.

1814 : Nouvelles menaces des Vicolais qui, sous Charles X, doivent restituer une partie des biens dont ils s'étaient emparés.

1830 : Les nombreuses alliances intervenues entre Grecs et Corses, désarment les Vicolais qui renoncent à de nouvelles attaques.Et depuis... Grecs et Corses vivent en parfaite intelligence.

http://www.cargese.net/fr/historique-de-cargese-corse-22.html

APPENDICE

1874 : 80 familles, ainsi qu’un prêtre uniate, émigrèrent en Algérie et créèrent à 57 kms de Constantine, un village appelé Sidi Mérouan. Ce village fut construit à l'identique de Cargèse. Les derniers descendants de ces familles  quittèrent l’Algérie en 1962, après 88 ans de présence. Voir :

http://www.cerclealgerianiste.asso.fr/contenu/villes315.htm

XIXème  et XXème siècles : Jusqu'aux alentours de 1914, d'autres habitants de Cargèse émigrèrent dans d'autres lieux d'Algérie ou en Tunisie, comme ma famille qui s’installa à Massicault.

1961 & 1962 : Fin de l'aventure tunisienne et algérienne, nouvel exil et nouvelle aventure en Corse ou sur le Continent, en Australie ou en Amérique du Nord ou bien ailleurs.

Est-ce la fin des pérégrinations ...?

 

* Pour l'auteur Élie Papadacci, son nom d'origine était Papadakis, tout comme Démitrius Garidacci était Garidakis[2]. Par contre, pour Patrice Stéphanopoli, Papadacci s'appelait Papadaky alors que Garidacci s'appelait Garidakos (voir liste des patronymes). Qui croire ? les deux auteurs s'appuyant, d'après eux, sur des documents incontestables ?

[2] Mon choix s'arrête sur GARIDAKIS, car c'est le patronyme par lequel m'ont accueilli  les habitants actuels d'Itylo.

 

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